752,11 kms / 7492 m D+ / 7166 m D-
Devise : Couronne norvégienne : 1 € = ~10 NOK
Du vent, du vent, du vent. Le Cap nord se rapproche à chaque tour de roue mais que d’efforts à fournir pour enfin fouler le point le plus septentrional d’Europe, ou presque. Alors que la neige saupoudre les sommets nous devrons puiser au plus profond de notre motivation pour braver la tempête et toucher au but. Notre équipement n’en sortira pas indemne.

L’œil humide nous jetons un dernier regard à la cathédrale de Tromsø . Au pied de l’édifice, Rémi et Clément nous adressent un dernier geste de la main, nous voici de nouveau seuls. Heureusement, le panorama offert par les Alpes de Lyngen est un excellent remède à l’apparition de la mélancolie. Dès les premiers kilomètres, nous sommes saisis par la végétation environnante, drapée dans ses couleurs d’automne. L’été semble avoir tiré sa révérence le temps d’une nuit pour céder la place au lent assoupissement de la nature. Le bitume se nappe de feuilles mortes dont le craquement résonne à nos oreilles alors que le pétiole s’étiole au contact de nos pneus. Si nous apprécions ce nouveau paysage nous restons lucides quant à la suite du voyage. L’automne est annonciateur des baisses de températures, des perturbations climatiques et des tempêtes inopinées. A Tromsø Guillaume nous avait prévenu, à partir d’Octobre le temps devient capricieux et d’une année sur l’autre la neige peut rester invisible ou recouvrir le sol dès le début du mois. Aussi, nous souhaitons désormais atteindre le Cap Nord le plus vite possible afin de commencer au plus tôt notre redescente vers le Sud. Si le temps se refroidit, nous ferons quelques belles rencontres qui nous réchaufferont le cœur, à commencer par la rencontre de Marie et Jean-Noël, couple français installé depuis un an en Norvège qui nous offrira un repas le temps d’attendre un ferry. Ayant un enfant, cette pause sera l’occasion d’en apprendre plus sur le système scolaire norvégien, très ouvert sur la nature et la sociabilisation des enfants à travers le jeu. Moins de notes, moins de devoirs, mais une attention particulière à l’inclusion de tous. Cela nous laisse rêveur et laisse imaginer d’autres manières d’enseigner, plus souples et récréatives. Suite à ce chaleureux repas nous embarquons sur notre dernier ferry norvégien et savourons cet ultime cabotage, c’est que nous nous étions habitués à ces pauses maritimes !


Chambre d'attente de Ferry

Le tournant de l'automne



Alpes de Lyngen

Jean-Noël et Marie

Instant suspendu

Gare aux rennes !


Le dernier ferry largue les amarres

Nous resterons non loin des rivages jusqu’à atteindre Alta, dernière ‘’grande ville ‘’ avant le Cap Nord. Après les Lofoten, où le dénivelé journalier était relativement faible, nos cuisses renouent avec le relief sous un temps maussade. La pluie fait son apparition quotidienne, accompagné du vent dont les bourrasques font tanguer les vélos et nécessitent de tenir fermement le cap. Par chance nous trouverons des abris atypiques pour passer des nuits au calme, comme par exemple une ancienne hutte Sami reconstituée selon les méthodes de l’époque, il y aura même les peaux de rennes pour nous isoler du sol. Ces derniers sont d’ailleurs la nouveauté du voyage car nous en croiserons désormais à de nombreuses reprises, broutant tranquillement les bas-côtés ou s’enfuyant à notre approche, selon leur caractère. C’est un peu Noël avant l’heure même si nous n’avons pas croisé de renne au nez rouge. Nous ferons à nouveau une joyeuse rencontre à Alta avec Lotte et Marcus que nous rencontrerons dans la rue. Alors que nous les hélons pour leur demander s’ils ont connaissance d’un abri dans les environs, ses derniers observent nos vélos et reconnaissent du premier coup d’œil la marque du vélo de Sarah « It’s a Ridgeback ! ». Heureux hasard, ce jeune couple étranger récemment installé en Norvège (Marcus est danois et Lotte est allemande) souhaite aussi faire un jour un voyage à vélo ! Et comme une coïncidence n’arrive jamais seule, quelques instants après notre rencontre, ils reçoivent un sms leur apprenant qu’ils sont désormais les heureux propriétaires d’un fourgon aménagé, qui leur permettra de partir à la découverte du pays. Pour marquer le coup, ils nous invitent au restaurant et à dormir chez eux le soir, c’est la fête ! Vivant en résidence étudiante, ils n’auront pas de place dans la chambre mais nous proposerons de dormir dans leur garage ce que nous accepterons avec grand plaisir, un endroit sec est un bon endroit où dormir ! Au restaurant nous apprendrons que Marcus et Lotte ont chacun parcouru le Pacific coast trail, trek étasunien mythique de plus de 4 000 km. Ayant été souvent généreusement accueillis par la population, ils leur semblaient naturel de rendre la monnaie de la pièce en nous hébergeant à leur tour, chaine de solidarité aussi internationale qu’intemporelle. Suite à cette douce soirée passée en leur compagnie nous reprenons la route en espérant un jour pouvoir les accueillir à notre tour.

Une nuitée atypique

Dans la hutte

Dans la hutte



Compagnon du soir

Imitation

Parfois il faut savoir faire demi-tour

Cathédrale des aurores boréales (Alta)

Lotte et Marcus

Logement quatre étoiles !
Peu après Alta nous quitterons définitivement la Mer de Norvège pour atteindre des haut-plateaux désertiques à la végétation rase et marécageuse. Tandis que nous progressons sur ces immenses lignes droites nous nous prenons à nous imaginer dans les steppes mongoles, comme si l’objectif initial n’avait jamais été modifié. Cependant, en Norvège la mer n’est jamais bien loin et nous retrouverons rapidement la Mer de Barents que nous longerons jusqu’au Cap Nord. Notre redescente des hauts-plateaux se terminera au village d’Oldefjord. A partir d’ici nous devrons effectuer un aller-retour de 260 kilomètres pour aller et revenir du Cap Nord. C’est à partir de là que les choses se gâtent.

Vous avez dit désert ?




Martin,un cyclo Danois

Teinte automnales
Pendant une centaine de kilomètre, la route se résume presque intégralement à une corniche adossée à une falaise, la mer s’écrasant en contrebas. Le cycliste y est exposé au vent qui souffle sans discontinuer jour et nuit. Seule variation, des tunnels longs de plusieurs kilomètres dont le plus célèbre est le Nordkaptunnelen. 7 kilomètres de long, 3 kilomètres de descente, 1 kilomètre de plat et 3 kilomètres de montée à une moyenne de 9%, un plaisir. Pour couronner ce paysage de fin du monde, ajoutons de la pluie tombant sans discontinuer tout au long de la journée, sans aucun abri à disposition. Vêtements détrempés, mains tremblantes rendues engourdies et insensibles à cause du froid, c’est dans ces moments que nous sommes heureux de voyager à deux. Mouillés comme des soupes, grelottant, nous nous serrons l’un à l’autre. Cela ne nous réchauffe pas mais nous rappelle à quel point nous sommes heureux d’être ensemble et avons de la chance de vivre cette aventure. Un coup d’œil complice montre que nous envisageons la même conclusion à cette journée mémorable : passer une nuit au chaud à Honningsvåg, dernière localité avant le Cap Nord.
Le lendemain, les affaires séchées et les esprits reposés nous enfourchons nos vélos pour enfin atteindre ce fichu Cap Nord ! Nous partons d’Honningsvåg sous un ciel bleu inespéré pour un aller-retour de 60 kilomètres et 1 200 mètres de dénivelé. L’itinéraire nécessite de franchir une première colline avant de redescendre et remonter enfin jusqu’au Cap Nord. Motivés par le beau temps et le vent qui nous poussent dans le dos, nous prenons plaisir à rouler et l’excitation monte alors que l’objectif se rapproche de plus en plus. Sous un ciel devenu laiteux nous arrivons à la guérite marquant l’entrée du site. Le gardien nous félicite pour notre voyage mais nous met aussitôt en garde, une forte tempête est en approche et mieux vaut ne pas s’attarder sur le site. Et nous qui pensions avoir beau temps… Malgré l’inquiétude montante nous parviendrons à savourer le plaisir d’avoir enfin foulé le point le plus au nord d’Europe (qui en réalité ne se situe pas vraiment au Cap Nord mais c’est une autre histoire…). Enfin, ce globe de métal si souvent observé sur des photos nous pouvons le toucher et réaliser que nous avons quand même fait un sacré tas de kilomètres depuis notre départ de France ! Nous mangeons et visitons rapidement le bâtiment, quasiment désert hormis quelques vacanciers tardifs, avant d’entamer la route du retour. Direction le sud, direction la tempête. Le vent a déjà forci, emportant au loin les drapeaux du vélo de Laurian (nous en retrouverons un par chance), et il n’a de cesse de forcir au fur et à mesure des heures. Nous pensions avoir connu notre pire journée la veille, nous nous trompions. Prenant le vent en pleine face, il nous est impossible de tenir une ligne droite. Plusieurs fois nous posons pied à terre pour éviter de finir dans le fossé, dans certaines descentes nous ne parvenons pas à faire guère plus de 10km/h, en pédalant ! Sarah commence par ailleurs à sentir du jeu dans son pédalier, il ne manquerait plus qu’il casse…Ce retour semble interminable, exténués nous nous arrêterons avant Honningsvåg et louerons à nouveau un logement en dur pour la nuit, il aurait de toute manière été impossible de monter la tente par ce vent.
Le lendemain le vent a faibli, mais reste conséquent. Avant de repartir, Laurian jette un œil au pédalier de Sarah et le verdict ne tarde pas à tomber : le boitier de pédalier semble avoir un problème. Nous nous rendons à l’Intersport de Honningsvåg (surement l’Intersport le plus septentrional au monde) et y démontons le pédalier pour constater que le boitier de pédalier ne poursuivra pas plus loin sa route. Le roulement à billes est totalement HS et l’ensemble doit être changé. Seulement le magasin n’a pas la pièce en stock et le vélociste le plus proche est à 160 kilomètres … Résignés nous enfourchons nos vélos et espérons l’atteindre avant que le pédalier ne devienne inutilisable. La réalité nous rattrapera cependant très vite et nous devons nous rendre à l’évidence, il sera impossible de parvenir au magasin avant la fin de la semaine, date butoir correspondant à la fermeture de la frontière finlandaise aux personnes en provenance de Norvège. Heureusement, Laurian ayant repéré un camping-car sur une aire de repos, il ira audacieusement demander à la charmante famille l’habitant s’il accepterait de nous avancer de quelques kilomètres. Après quelques hésitations ces derniers accepteront et nous déposerons même pile devant le magasin, juste à temps pour acheter la pièce et la changer ! 95 kilomètres parcourus en à peine 1 heure et demi, nous avions oublié à quel point les distances paraissent différentes en voiture.


Land Art

Dernière pêche dans la mer



7 000 m sous les mers

Le bout du tunnel

6 000 kms plus tard



Objectif en vue

Hourra !

Cap Nord

Cap Nord

Cap Nord

Un courageux de plus


Deux dauphins se cachent sur cette image

Usé jusqu'à la moelle

En route !


Opération en cours

Opération en cours

Opération en cours
Un boitier de pédalier flambant neuf plus tard, nous voici en route pour la Finlande et savourons nos derniers kilomètres dans ce pays qui nous aura accueilli pendant presque deux mois. Comme un dernier cadeau avant de partir, nous aurons la joie d’observer à nouveaux des aurores boréales lors de notre dernière nuit norvégienne qui sera aussi notre première nuit négative, les thermomètres affichant -5° au moment de se coucher. Le spectacle magique du givre nous fera vite oublier la nuit fraiche et c’est dans une nature toute de blanc vêtue que nous pénétrerons en terre lapone, contrée rêvée du Père Noël.


Belle rencontre d'un soir


Vestige d'un hopital militaire de la 2° guerre mondiale

Nouvelles mobilités

Délices nocturnes

Réveil glacial

Réveil glacial

Réveil glacial

Réveil glacial

Réveil glacial

Dégradé de températures
