550,68 kms / 4648 m D+ / 4535 m D-
Devise : Couronne norvégienne : 1 € = ~10 NOK
Du sommet, la perspective s’écrase sur les flots scintillants. Le regard plonge vers ces abysses tandis que le vent se lève dans le lointain, porteur de l’automne et de ses couleurs mordorées. Toujours plus loin, au Nord, le voyage se poursuit inéluctablement.
Dantesque, tel est le mot qui vient à l’esprit tandis que nous approchons de Moskenes, point d’entrée dans les Lofoten. Nous assistons à un combat sans merci entre l’ombre et la lumière, rayons de soleil et nuages d’obsidienne essayant chacun de prendre l’avantage sur l’horizon. Cette entrée en matière caractérise les Lofoten où il est possible de passer du soleil à la pluie d’un fjord à l’autre. Arrivée dans la soirée, nous bivouaquons non loin du port, sur le premier endroit plat à disposition. Ce bivouac sera l’occasion de faire plus ample connaissance avec Marcus. Natif d’Angleterre, il fit un premier voyage à vélo de Grande-Bretagne jusqu’en Norvège il y a quelques années, avant de retourner s’y installer pour y vivre. Parti du centre de la Norvège, les Lofoten était l’objectif de ses vacances estivales. De notre côté, pas de but particulier à poursuivre dans l’Archipel sinon de lever le pied pour apprécier pleinement les paysages s’offrant à nous. Au programme, randonnée, pêche et journées raccourcies si un beau bivouac croise notre route. Marcus étant dans la même optique, nous partirons ensemble le lendemain jusqu’au village de Å, prononcer O, afin de faire une première petite randonnée devant nous conduire au sommet d’Andstabben, pointe surplombant le village. Première étape, et non des moindres, accepter de laisser vélos et sacoches sans surveillance pendant toute la durée de la marche. Heureusement la Norvège est un pays plus que sûr et nous partons le cœur (presque) léger à la découverte des sentiers.
Bienvenue dans les Lofoten !
Bienvenue dans les Lofoten !
Marcus et son vélo
Marcus et son vélo
Village de Å
Village de Å
Amateur des randonnées alpines aux sentes bien tracées et jalonnées, passez votre chemin ! Peu ou pas de marquage ici hormis quelques cairns à guetter, entrecoupés d’empreinte de pas boueuses nous confortant sur la direction à suivre. Très vite le cuir de nos chaussures se teinte d’humidité et de terre. Insidieuse, l’eau saumâtre s’insinue au cœur des souliers, n’ayant de cesse que la moindre fibre des chaussettes soit imbibée d’eau et s’essore à chaque mouvement d’orteil. Le bruit spongieux qui en résulte nous indique que le plus dur est passé, reste alors à admirer l’instant. D’ailleurs, à côté du panorama offert au sommet, avoir les pieds trempés pour quelques jours parait être un bien modeste tribut ; les façades écarlates des maisons de pêcheurs se reflètent sur les flots. Absorbé par ce paysage une touche verte guide le regard vers les raides versants alentours, comme pour indiquer aux randonneurs qu’ici mer et montagne sont intimement liés. Clou du spectacle, un arc-en-ciel survient pour sublimer l’ensemble et rappeler que la pluie n’est jamais bien loin de surprendre le contemplatif trop absorbé par la vue. Si nous passerons à côté de l’averse ce jour-là, nous n’y échapperons pas lors de la randonnée du lendemain nous menant au sommet d’Helvete. Le temps d’arriver au pic et de manger un bout, nous serons rattrapés par la pluie, condamné à une redescente aussi humide que glissante, chacun de nous trois ayant finit au moins une fois les quatre fers en l’air !
Discussion au sommet
Discussion au sommet
Comme un air de Jurassic Park
Comme un air de Jurassic Park
Kolo dans les îles
Kolo dans les îles
En route vers Helvete
En route vers Helvete
Vue sur le village de Reine
Vue sur le village de Reine
Mer en vue
Mer en vue
Ah la gadoue, la gadoue, la...
Ah la gadoue, la gadoue, la...
De retour au campement, nous souhaitons un bon départ à Marcus qui poursuivra plus en avant son exploration des Lofoten. Nous ne resterons cependant pas seuls très longtemps car peu après, en allant chercher de l’eau, Sarah tombera nez-à-nez avec deux cyclos battant pavillon français. Ni une ni deux, les voici invités à partager notre bivouac, puis une journée à vélo, puis toutes les journées suivantes jusqu’à Tromsø ! Aussi, prenons le temps de les présenter en quelques mots. Tel Laurel et Hardy il y a Clément le grand et Rémi le petit. Camarades récemment diplômés de Purpan, une école d’agronomie toulousaine, ils décidèrent de prendre le temps du voyage avant de plonger dans la vie active. Grands adeptes de l’humour, ils ne manqueront pas d’égayer nos journées, que ce soit grâce à la verve de Rémi, toujours un trait d’esprit à la bouche, ou au don de soi de Clément et ses pittoresques péripéties quotidiennes toujours aptes à déclencher le rire (fuite d’huile et de maïs à pop-corn dans les sacoches, tentative de traction par hamac…) ! Au-delà du rire, nous nous sommes surtout retrouvés sur des valeurs et des idées communes permettant une belle émulation lors de ces quelques semaines passées ensemble. Reine, Leknes, Harstad, nous apprenons à faire connaissance le long de la route, chacun prenant plaisir à discuter avec l’un ou l’autre, conversations en traitillé s’interrompant lors d’un rare passage de voiture pour reprendre de plus belle aussitôt le vrombissement du moteur disparu. Tout du long des kilomètres passés ensemble, les Lofoten tiennent leurs promesses, des plages de sable fin jusqu’aux orques que nous aurons la chance de voir nager au large. Avis cependant aux futurs voyageurs, ne négligez pas la section Trondheim-Bodø, que beaucoup effectue en train. De nombreux paysages y sont aussi très beaux, avec peut-être un peu moins de monde qu’aux Lofoten. Car c’est ici que le bat blesse, l’attrait touristique de l’archipel se ressent sur le paysage avec de nombreux aménagements et parfois le fleurissement de panneaux interdisant le bivouac nous obligeant à parcourir jusqu’à plusieurs dizaines de kilomètres avant de trouver un endroit où poser les tentes. Aussitôt le campement installé voici Clément et Laurian partis lancer l’appât en bord de mer. Clément étant un féru de pêche, les deux se sont vite essayés à pêcher le plus gros poisson, Clément gagnant le défi haut la main.
Rémi
Rémi
Clément
Clément
Un orque nageant au loin
Un orque nageant au loin
Décollage
Décollage
Traction
Traction
Crash !
Crash !
Le club des quatre
Le club des quatre
Peut-être le meilleur abri du voyage
Peut-être le meilleur abri du voyage
Maisons typiques des Lofoten
Maisons typiques des Lofoten
Pisciculture de saumons
Pisciculture de saumons
La plus belle prise du voyage !
La plus belle prise du voyage !
Ukulélé sur soleil couchant
Ukulélé sur soleil couchant
Superman est en route!
Superman est en route!
Tout est dans le geste !
Tout est dans le geste !
Autre rivage pour une autre pêche, les poubelles norvégiennes. Cela peut paraitre incongru et peu ragoutant mais les poubelles des commerces norvégiens débordent de nourriture, tout à fait consommable mais jetée du fait d’un léger défaut ou d’une date dépassée sans que cela altère la qualité du produit. Manne inattendue pour le cycliste il s’agit là d’un gâchis sans nom et totalement intolérable, surtout pour un pays souvent cité comme modèle à suivre. Chris nous ayant parlé de cette triste réalité, nous avions déjà fait quelques belles trouvailles avant Bodø, mais c’est dans les Lofoten que nous ferons les plus incroyables découvertes. Chocolats, fromages, saumon, nuggets, mangues… plutôt qu’une liste à la Prévert, les photos ci-dessous seront bien plus explicites. Terminons tout de même ce chapitre sur une note positive ; dans plusieurs magasins, en demandant poliment, le personnel nous a souvent donné accès à l’arrière-boutique et aux denrées devant être jetées, heureux de limiter ainsi le gaspillage alimentaire.
Oui, on trouve même des bières dans les poubelles
Oui, on trouve même des bières dans les poubelles
Compotes et barres de céréales
Compotes et barres de céréales
Oui, l'ensemble des aliments sur la bache proviennent des poubelles
Oui, l'ensemble des aliments sur la bache proviennent des poubelles
Quelqu'un veut du saumon ?
Quelqu'un veut du saumon ?
Et un bon gâteau pour le dessert !
Et un bon gâteau pour le dessert !
A côté de nos escapades nocturnes derrière les grandes surfaces, les nuits norvégiennes nous offriront une belle surprise avec notre première, et sans doute plus belle, apparition d’aurores boréales. Saisis, émerveillés comme un enfant devant sa première chute de neige, nous nous laissons absorber par ce spectacle que nous ne nous risquerons pas à décrire. Notre plume paraitrait bien trop pâle à côté de ces translucides et attrayants rideaux nocturnes.
Les mots filent et il reste encore tant de chose à dire. Sur la belle et sauvage île de Senja, son banc de repos spécial cyclistes et ses randonnées vertigineuses. Sur les abris plus au moins hermétiques qui nous accueillerons le temps d’une nuit. Sur notre itinéraire devant s’adapter aux liaisons maritimes cessant de fonctionner en Septembre. Impossible cependant de clore cet article sans évoquer les généreux campings-caristes prêts à faire demi-tour pour nous proposer le réconfort d’une boisson chaude, un grand merci à vous ! Au chapitre de l’hospitalité nous serons totalement ahuris par la générosité de Guillaume, un dentiste français vivant à Tromsø. Rencontré alors que nous faisions des courses, il nous proposera après seulement quelques minutes de discussion, de nous prêter son appartement alors que lui-même sera absent pendant ce temps-là. Guillaume, si jamais tu lis ces lignes, encore merci pour ta confiance et ta générosité !
5 001 km plus tard
5 001 km plus tard
Instant suspendu
Instant suspendu
Chaque bateau demande une certaine logistique
Chaque bateau demande une certaine logistique
Merci pour cette belle rencontre !
Merci pour cette belle rencontre !
Banc de repos spécial cycliste
Banc de repos spécial cycliste
Boite à gilets jaunes et bouton prévenant la présence de cyclistes dans le tunnel
Boite à gilets jaunes et bouton prévenant la présence de cyclistes dans le tunnel
L'un des nombreux tunnels traversés
L'un des nombreux tunnels traversés
Abri conceptuel
Abri conceptuel
Les pèlerins des îles
Les pèlerins des îles
Lagopède
Lagopède
Un sommet vertigineux
Un sommet vertigineux
Saurez-vous trouver le vélo ?
Saurez-vous trouver le vélo ?
Courageux mais pas téméraires
Courageux mais pas téméraires
Rien de tel qu'un bon feu après la pluie
Rien de tel qu'un bon feu après la pluie
Cathédrale Arctique de Tromsø
Cathédrale Arctique de Tromsø
Changement de plaquettes
Changement de plaquettes
Ainsi bien à l’abri et reposés, nous pourrons prendre le temps de visiter Tromsø, dernière grande ville avant le Cap Nord. C’est également ici que nos chemins se séparent avec Rémi et Clément qui entamerons leur retour en France, vers le soleil et la chaleur.
Quatre personnes pour deux trajectoires différentes, mais nul doute que nous essaierons de recroiser leur trace lors de notre retour. Affaire à suivre...

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